Non mais faut arrêter, ne pas dire terrorisme c'est pas faire de la bienveillance envers le hamas. Les événements ont été condamnés dès le premier jour, et l'appellation "crime de guerre" a été préférée *parce qu'on peut en faire quelque chose*. C'est pas qu'une question d'humanité. Dire terrorisme ne résoudra rien, au contraire ça ne fait que limiter nos réponses et se laisser guider par l'émotion de l'instant. Et ne pas le dire n'enlève rien à sa condamnation.
rakoo
Et l’aile gauche de la macronie ?
Certes, il y a les questions sociétales, qui peuvent faire couiner les plus délicats des (extrême-) centristes (alias l’«aile gauche de la macronie», entité fantomatique), rebutés par les pulsions xénophobes, religieuses et plébéiennes (Hanouna) de l’extrême droite mais, en cas de second tour Le Pen-Mélenchon, le cœur balancera, et pas forcément à gauche. Les libéraux-autoritaires de 2017 (l’alliance Le Maire-Benalla) ont toujours été de droite, mais leur dérive vers l’extrême droite est, comme en témoignent le vote de la loi immigration et le pacte de non-agression Macron-Bolloré scellé à l’automne, plus rapide et plus inquiétante que ne le laissaient redouter des précédents historiques comme le virage à droite du Parti radical en 1938 (bien rappelé par Michaël Foessel dans son si intelligent Récidive) ou le hara-kiri deslibéraux-conservateurs allemands à l’automne 1932, qui ont installé les nazis au pouvoir.
Parmi eux, Alfred Hugenberg : ce financier, devenu magnat de l’industrie minière, était un passionné de médias et se mit à investir dans la presse, le cinéma et la radio, créant le type de l’industriel de l’information que les Berlusconi et Bolloré allaient ensuite incarner. Animé d’une foi pangermaniste et raciste missionnaire, il inonda la presse nationale et régionale, mais aussi les films et les actualités cinématographiques de cet ethnonationalisme que les nazis partageaient. Il en fut récompensé en étant nommé ministre de l’Economie du cabinet Hitler, le 30 janvier 1933 dont, cannibalisé, il démissionna six mois plus tard. Il dut alors céder son empire médiatique à ses encombrants amis et se résigna à couler, jusqu’en 1945, de douces années à faire ce que ses amis d’extrême-centre et lui faisaient au fond de mieux : de l’argent.
Quand l’argent s’achète sa prophétie autoréalisatrice
Ce modèle économique a tout pour séduire le milliardaire propriétaire local, soucieux de répandre à moindres frais des idées, des mots et une grammaire politique propres à satisfaire ses objectifs – destruction de l’Etat-providence par la poursuite inconsidérée d’une politique fiscale et sociale inepte (Drahi, Saadé, à l’extrême centre), ou croisade culturelle et religieuse (Bolloré,extrême droite). L’argent s’achète ainsi sa prophétie autoréalisatrice : la France est de droite, puisqu’on ne cesse de vous le répéter.
Ce n’est pas vraiment ce que montrent d’autres enquêtes, comme celles menées par Libération depuis le premier confinement et, plus récemment, par les Echos, quotidien au bolchevisme très tempéré, ou les études qualitatives du Cevipof et de la Fondation Jean-Jaurès : des «valeurs» comme le partage, la solidarité et l’égalité apparaissent singulièrement plus populaires que la guerre darwinienne de «ceux qui ont réussi» (les héritiers, en gros) contre «ceux qui ne sont rien» et autres enfantillages macrono-lepénistes. Bizarrement, ce ne sont pas ces résultats-là qui font la une des médias d’extrême centre – droite, de plus en plus à l’unisson : d’une part, concurrence oblige, BFM se met dans la roue de CNews et, d’autre part, tout le XXe siècle en témoigne, le centre file toujours à droite, car l’ennemi est le même (le
communiste jadis, l’écoterroriste, le zadiste et le décroissant aujourd’hui) et la vision du monde (sociale darwinienne, productiviste, extractiviste, technosolutionniste –, bref, capitaliste à tous crins) est, dans l’essentiel, partagée.
Mais puisque l’on n’arrête pas de vous le répéter, la France se droitise, par Johann Chapoutot
C’est au nom du «pragmatisme», son marqueur supposé, que le «nouveau monde» de 2017 glisse sans fin vers la droite, car c’est bien la France, argue-t-on, qui se droitise. La preuve, CNews et BFM le disent, des chaînes branchées en permanence dans des cabinets ministériels, soucieux, par là, de «sentir» le pays. Peut-on sérieusement considérer une matinale bolloréenne comme un reflet du «pays réel», expression de Maurras reprise par Macron ? Un brin de sociologie révèle, avec Bourdieu, que «l’opinion publique n’existe pas» : les «sondages» n’explorent que les obsessions de leurs commanditaires qui inscrivent, en définissant les questions et les réponses, tel thème ou tel «débat» à l’agenda médiatique et politique.
Il existe bel et bien une «fabrique de l’opinion», comme le montrent les travaux de Patrick Champagne et de Loïc Blondiaux, les chaînes dites d’information en continu n’étant que les caisses de résonance de cette vox populi hâtivement construite. Grosses caisses, car le travail de journalisme (enquête, reportage, croisement des sources pour l’établissement scrupuleux des faits) y est liquidé au profit d’un plateau d’intervenants avariés – toutologues impénitents, éditorialistes immarcescibles (la séquence qui oppose Michaël Zemmour, un universitaire qui travaille et sait de quoi il parle, à FOG [Franz-Olivier Giesbert], est devenue iconique), personnalités sur le retour trop heureuses de bavasser avec l’animateur pour meubler du temps d’antenne et proposer une version cathodique du bistro, avec ses approximations péremptoires et son avachissement permanent – plateau qui ne coûte quasiment rien par rapport à un réel travail de presse.
"C'est vrai ça détendez-vous on dirait un noir qui peut pas manger de bananes !"
Le concept du second degré c'est pas d'excuser les insultes hein
Un petit propriétaire terrien rentier est aussi problématique, mais pas aussi problématique que quelqu'un qui possède un empire immobilier: les deux n'ont pas autant d'influence sur les prix immobiliers (clairement à la hausse indécente, comme tu le dis), et les deux n'ont pas les mêmes capacités de vivre sans.
Disons qu'il y a une différence entre le projet politique idéal (fin de la propriété privée) et les revendications immédiates (distribution des richesses en allant chercher d'abord chez celleux qui en ont le plus). Et on se rejoint très certainement sur le projet politique idéal :)
> C’est une gauche jalouse de quiconque a plus d’argent, que ce soit de l’immobilier, des placements, des héritages ou de l’argent gagné par un salaire alors que si on voit les politiques de gauche, eux même ne sont pas en reste
Les programmes de gauche parlent surtout de riches hein, pas de gens qui ont 3 actions dans leur boîte. On parle de gens qui ont un haut niveau de vie *uniquement* par la rente. Ce ne sont ni les gens dont tu parles, ni les gens qui sont à gauche
Ce n'est pas une jalousie: jalousie veut dire "je veux la même chose". C'est un constat d'injustice: avec tant de personnes qui dorment à la rue, de personnes qui ne mangent pas à leur faim, de personnes qui ne partiront jamais en vacances de leur vie, pourquoi est-ce que c'est ok que d'autres soient aussi riches ?
Il n'y a pas de problème à ce que tout le monde puisse avoir 16 maisons, il y a un problème à ce qu'une personne ait 16 maisons et 15 personnes en ont 0
> sans oublier que tout le monde doit travailler et contribuer aussi bien pauvres que riches.
Ça c'est un sujet de fond que j'ai bien envie de creuser. Qu'est-ce qui te fait dire que "tout le monde doit travailler" ? Travailler tel que défini par le Capitalisme, c'est produire des trucs commercialisables, mais on a atteint un niveau où tout est suffisamment produit en quantité: on a suffisamment de logements pour tout le monde, on a suffisamment de nourriture pour tout le monde, on a suffisamment de voitures pour tout le monde, etc... On pourrait rediriger des emplois vers la maintenance et la prolongation de la durée de vie, mais le changement climatique nous oblige à une seule chose: réduire massivement la quantité de choses que l'on produit.
Du coup de mon avis, travailler toujours plus est non seulement inutile, mais en plus écologiquement intenable.
Par contre, si on dit que la société ne tient pas toute seule et que tout le monde doit s'y investir, donc une définition plus large du travail, j'y crois: former des comités de voisinage pour s'occuper des gens près de chez nous, prendre soin des personnes, produire de la nourriture avec moins de mécanisation donc plus de bras humains, ne pas passer de temps à faire des pubs mais mettre en place une production socialisée de médicaments, tout ça ce sont des petites choses qui demandent à *changer* la manière dont on occupe nos journées, mais ce n'est pas du travail au sens capitaliste car ça ne ramène pas plus de profit à une personne privée. Ça veut donc dire, et c'est central, que le travail ne doit pas être corrélé à un enrichissement privé mais à un enrichissement collectif. Et c'est là tout le cœur du sujet
Bref, on pourrait en discuter des heures mais il faut bien définir ce qui se cache derrière le mot "travail", parce que le même mot peut être utilisé par des personnes totalement différentes pour des significations différentes. Macron qui parle de valeur travail, c'est dans le sens "personnes exploitables pour augmenter les profits" et rien d'autre. D'autres personnes pourraient voir là-dedans "mettre en valeur et reconnaître toutes les formes de travail, par exemple les heures passées à la maison à s'occuper du ménage/vaisselle/enfants qui incombe encore trop aux femmes".
L'injonction au travail est également une chose assez bizarre quand toute la technologie et l'innovation est présentée comme "pouvoir faire la même chose en moins de temps". Si du temps est dégagé mais qu'il doit être utilisé, pourquoi le dégager ? Toutes les représentations contemporaines de bonheur se font dans un cadre dans lequel on ne travaille pas: sortir avec des amis, passer du temps dans la nature ou chez soi, faire des activités sportives. Pas une seule ne dit que le but de la vie est de travailler. Si on reste un minimum concret et qu'on dit les choses, on a tous et toutes envie de travailler le moins possible, mais que les choses soient faites quand même. Alors pourquoi pousser à travailler plus ?
Dans un premier temps on pourrait commencer par dire que les gens qui reçoivent même pas 600 euros en ne faisant rien ne posent pas autant de problèmes que ceux qui reçoivent 60 millions d'euros en ne faisant rien, et aller taper sur ces derniers d'abord, pour permettre à tout le monde de vivre dans le système actuel. Une fois que tout le monde aura compris qu'on n'a pas *besoin* de travailler plus, on pourra se réorganiser pour travailler différemment.
Je parlais surtout de la loi Veil, on dirait en le lisant qu'il n'y avait que désespoir et cintres rouges avant, que la loi a sauvé la femme de sa tourmente éternelle. Il noie totalement les mouvements féministes qui ont tout fait, les femmes qui se sont prises en main pour faire ça par elles-même pour elles-même, dans des conditions saines, et qui ont été dépossédées de la maitrise de leur corps par l'État. Si l'accès à l'ivg est un problème c'est pas juste la faute des anti-avortement, c'est aussi ce même État qui leur a imposé les conditions dans lesquelles elles avaient droit de le faire, par des tiers qui n'avaient rien à faire là, par des moyens qu'il décide de ne pas mettre en place, par la parole laissée aux anti, par la volonté toujours présente de contrôle. Oui, c'est légal, si tu suis les instructions que je te donne.
Invisibiliser ce contexte et ne se réjouir que des moments législatifs comme s'il n'y avait rien d'autre c'est donner le pouvoir total à l'État de tout décider par lui-même. Et si l'État est tout puissant, il peut aussi décider tout seul de revenireen arrière. Il serait temps de ne pas attendre que la solution ne vienne pas de l'État, mais de nous-même.
C'est chouette de réécrire l'histoire mais contrairement à ce qu'il dit l'avortement n'a pas été inventé par la loi Veil, et l'inscription dans la constitution ne va *rien* changer pour les femmes en France
Je comprends pas, Gérald n'avait-il pas dit qu'on n'envoyait pas la police sur des gens en colère ?
C'est incroyable de voir ces images, normalement un Salon de l'Agriculture pour un président c'est un peu le niveau facile pourtant.
Il y a eu l'usage du mot résistance parce que ce n'est pas que le Hamas qui a attaqué, et ce ne sont pas que des civils qui ont été visés.
Ce que tu dis n'est pas vrai, peu importe ce que fait LFI iels se font taper dessus, jour après jour, situation après situation. En permanence. Et quand c'est un parti de droite ou d'extrême-droite qui dit un truc horrible il n'est pas autant inaudible ni caricaturé.
La politique c'est pas juste de plaire au plus grand nombre, c'est faire une analyse construite de la situation et en parler. C'est pour ça qu'il y a un sens à ne pas aller sur CNews par exemple, ou à utiliser d'autres médias qui ne sont pas frontalement opposés au parti pour s'exprimer.
LFI est inaudible dans les médias capitalistes, mais tout à fait audible dans des médias moins bourgeois; si tu ne les entends pas il faut aussi remettre en question tes sources.
@france