Alors, je ne suis pas spécialiste des États-Unis, mais ce qui s'y passe n'est pas surprenant. La religion est un fait social puissant, difficile à maîtriser certes, surtout à long terme, mais qui peut quand on l'instrumentalise renverser du tout au tout une situation politique ou au contraire faire durer un statu quo qui sans elle aurait périclité. Et comme il s'agit d'une instrumentalisation, les valeurs et idées portées par la religion en question importent peu. Trump n'en a rien à faire de Jésus et de son message. Les évangéliques radicaux·ales qui le suivent aussi, et dans les autres cercles chrétiens on se moque assez régulièrement de sorties de pasteurs (pour le coup essentiellement des hommes) et de paroissien·ne·s de ses mouvances-là et qui vont rejeter explicitement des citations de Jésus dans les évangiles parce que c'est trop « liberal » (au sens américain, nous on dirait trop progressiste), et ce, même après qu'ils aient appris que c'étaient des citations de Jésus.
Dans l'histoire du christianisme on a beaucoup d'exemples d'instrumentalisations de ce type. Les princes européens qui vont lancer les croisades parce qu'il y a trop de nobliaux et pas assez de terres, les conquistadores qui vont avancer l'idée les amérindiens n'ont pas les mêmes droits que les autres humains, ce qui va permettre de relancer l’esclavage qui avait été interdit par l'Église, les prêtres et pasteurs envoyés en Afrique pour faciliter et justifier la colonisation, les curés de coron qui prêchaient la soumission aux propriétaires des mines … Mais dans tous ces cas, comme aujourd'hui aux États-Unis (un exemple publié hier), il y a eu des chrétien·ne·s pour s'opposer, au nom des valeurs de l'Évangile, à ces instrumentalisations. Jésus lui-même dans la Bible dit que son nom sera utilisé par des loups.
Sur la moralité, je me suis amusé à poser la question à des ami·e·s matérialistes (au sens philosophique), qui souvent militent à la gauche de la gauche : d'un point de vue matérialiste, pourquoi essayer de changer le monde pour le mieux ? Je n'ai jamais eu de réponse satisfaisante, uniquement des raisonnements circulaires.
Je pense qu'on peut tout à fait être moral·e sans être croyant·e, et c'est le cas de ces ami·e·s en question. De plus, le christianisme enseigne que le salut est donné par grâce, et pas par récompense… donc être bon « n'achète » pas une place au paradis, et ne change rien au statut post mortem. Mais je crois que ce qui nous pousse à faire le bien est imputable à Dieu. L'étincelle de moralité est un cadeau que Dieu a donné, sous différentes formes, aux êtres sensibles (je pense d'ailleurs que la science va bientôt démontrer que certains animaux ont des pratiques morales, voire des plantes), quelles que soient leurs convictions religieuses.
This is theologically accurate. Like I (actually) preached a few weeks ago: “For God, the one who lied isn't a liar; the one who who cheated is not a cheater. For God, we are always more that what we did”. Thus, for God, the one who dealt drugs is not a drug dealer 😅.