Forum Libre

Abécédaire insolite du livre ancien, de Christine Bénévent, un tout petit livre — moins de 90 pages, haut comme ma main — rempli d’informations amusantes et intéressantes, que j’ai trouvé par hasard dans une bibliothèque. J’y ai appris qu’une « main » de papier (c’est à dire 25 feuilles) s’appelle ainsi parce qu’à une époque, dans les papeteries, on comptait les feuilles de papier en en plaçant cinq entre chaque doigt, puis cinq sur le pouce. Que si certains insectes sont à juste titre redoutés pour les dégâts qu’ils infligent aux livres, on a parfois pu reconstituer grâce à eux des recueils éparpillés, en suivant d’une page à l’autre les galeries qu’ils avaient creusées. Que le symbole ☞ s’appelle une manicule et qu’avant d’être un caractère Unicode c’est une pratique remontant au Moyen-Âge qui consistait à dessiner une main à l’index pointé pour attirer l’attention sur un passage, comme ça. Qu’au dix-neuvième siècle un mathématicien a profité de son poste à une commission de catalogage des manuscrits des bibliothèques publiques française pour dérober un nombre monumental de livres précieux, et que son nom était, ça ne s’invente pas, Guglielmo Libri. Je savais que le V et le U étaient à l’origine la même lettre, mais je ne savais pas qu’avant le Renaissance V était typiquement utilisé au début des mots et U au milieu, et qu’alors les alphabets qui distinguaient les deux lettres plaçaient tout naturellement le V avant le U. On a nommé J et V les lettres ramistes, d’après Pierre de la Ramée qui a recommandé au XVI^e^ d’utiliser les deux graphies pour distinguer voyelles et consonnes.