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Arrivé en juin 2024 pour reprendre les rênes de la filiale française du groupe allemand Siemens Mobility, Alexandre Quéméneur veut donner une nouvelle dimension à son entreprise dans l'Hexagone. Très discret jusqu'ici, il a accordé sa première interview en France à L'Usine Nouvelle.

Après trois années chez Alstom, où il était vice-président pour les activités de service en France, Alexandre Quéméneur a rejoint le concurrent allemand Siemens Mobility France en juin 2024 pour succéder à Cristina Crespin. Un parcours qui débute par « un très bon millésime 2024 avec en exergue la mise en service du prolongement de la ligne 14 du métro parisien, rappelle le nouveau président de Siemens Mobility France dans un entretien accordé à L'Usine Nouvelle. C'est notre plus grosse année de mise en service de lignes automatisées avec 140 kilomètres, dont Ryad. »

La filiale française, héritière en partie de Matra qui avait développé les premiers métros automatiques, ne limite pas son marché à la France : elle développe ses systèmes pour des métros au Moyen-Orient ou à New-York, par exemple.

Lors du dernier exercice fiscal clôturé au 30 septembre 2024, Siemens Mobility a réalisé un chiffre d'affaires de 11,4 milliards d'euros. Il emploie 41 900 collaborateurs dans le monde, dont plus de 800 en France, sur les sites de Châtillon, Toulouse et Lille. Locomotives Vectron et trains de nuit

Alexandre Quéméneur se fixe trois axes essentiels de développement. Le premier est de conforter le leadership technologique et de continuer à investir dans de nouvelles briques comme la cybersécurité. D'ailleurs, « la France a la chance de bénéficier de la Loi de programmation militaire qui lui a permis d'avoir une longueur d'avance dans ce domaine. » La seconde est de continuer à développer le service, premier marché de l'entreprise.

Le troisième concerne le matériel roulant. « Nous voulons être présents. Nous sommes toujours en cours d'homologation pour nos locomotives Vectron et nous allons développer l'écosystème avec un centre de maintenance ». La localisation n'est pas encore connue. « L'homologation prend quatre ans alors la locomotive a déjà parcouru 1 milliard de kilomètres, regrette Alexandre Quéméneur, qui passé plusieurs années dans l'aéronautique. Dans le ferroviaire, l'homologation doit être faite dans chaque pays, alors que dans l'aéro un organisme certifie pour toute l'Europe. » Encore un obstacle à lever pour accélérer le développement du ferroviaire en Europe et décarboner le transport. Cette locomotive achetée par le loueur Alpha Trains pour rouler en France pourrait être utilisée pour la future commande des trains de nuit. Siemens Mobility regardera les exigences de l'appel d'offre quand il sera lancé pour savoir si elle répond à ce qui pourrait être une commande de 30 locomotives et 180 voitures. Trains à batteries pour les TER

En attendant, le résultat de l'appel d'offre de l'automatisation de la ligne 13 du métro parisien devrait tomber dans les prochains mois. Siemens Mobility espère bien que son expérience sur les lignes 1, 4 et 14 jouera en sa faveur. Encore un contrat francilien essentiel à l'économie de la filière ferroviaire. « L'Île-de-France a beaucoup structuré la filière, analyse Alexandre Quéméneur. Sans ces commandes, elle serait en difficultés ».

Pour le futur, il croit beaucoup au développement des trains régionaux Mireo Plus à batteries pour remplacer les TER à moteur thermique dans les prochaines années, surtout avec l'ouverture à la concurrence. « Aujourd'hui, le marché est davantage sur la batterie, surtout pour des lignes de 70 à 100 kilomètres non électrifiées, poursuit-il. Pour des distances de 300 à 500 kilomètres, l'hydrogène est plus adapté. Si la technologie fonctionne, les infrastructures ne sont pas encore prêtes. Il faudra attendre encore cinq à dix ans. »

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Damien Dole

L’entreprise ferroviaire révèle à «Libération» les très bons chiffres sur la ligne vers la Belgique ouverte depuis décembre, ainsi que celles vers Rennes et Nantes. Des résultats qui s’inscrivent dans la dynamique très positive des trains bleus et roses, pour lesquels le facteur prix est un levier essentiel.

SNCF Voyageurs parle d’un «plébiscite immédiat».Mi-décembre, l’entreprise ferroviaire lançait un Paris-Bruxelles en trois heures via Creil (Oise), Aulnoye-Aymeries (Nord) et Mons (en Belgique) contre une heure et vingt-deux minutes par l’Eurostar. Le prix d’appel ? 10 euros le trajet. Selon des chiffres que la SNCF révèle à Libération, le taux de remplissage moyen est de plus de 75 %, soit plus de 2 700 voyageurs par jour. Et le week-end, ce taux dépasse même les 80 %. Plus de 160 000 réservations ont par ailleurs été effectuées depuis le lancement de la ligne le 19 décembre. Les trains commencent donc déjà à sérieusement se remplir aussi pour les mois à venir. «Ce qui est remarquable, c’est la vitesse de la reconnaissance commerciale,se réjouit Alain Krakovitch, directeur de TGV-Intercités chez Voyages SNCF . En lançant ce train, on espérait que ce soit un vrai succès mais ce n’est pas fréquent qu’une nouvelle offre rencontre son public aussi vite. Elle est même en tête de nos lignes Ouigo Train Classique.» SNCF Voyageurs vise un million de voyageurs sur toute l’année 2025.

Lancée en 2022, l’offre Ouigo Train Classique propose deux autres lignes, de la capitale à Rennes et Nantes. Les taux de remplissage des lignes menant de Paris à Rennes ou Nantes dépassent de leur côté les 70 % et vont «assez régulièrement»au-delà des 80 % voire 90 % le week-end. De quoi «être rentable, sans que cela soit une rentabilité incroyable parce que nous pratiquons des prix très bas»,analyse Alain Krakovitch. Une conclusion que partage François Delétraz, président de la Fédération nationale des associations d’usagers (Fnaut) qui, consultant les chiffres de son association, confirme les bons résultats de la ligne Paris-Bruxelles. S’il parle «d’un vrai succès», il ajoute : «Les prix de l’Eurostar, anciennement Thalys, se sont envolés. S’ils étaient restés au niveau de ce qu’ils étaient avant, cette offre Ouigo entre Paris et Bruxelles n’aurait pas autant de succès.»

La raison principale de la réussite du Paris-Bruxelles en trois heures tient en effet aux prix, actuellement imbattables. Pour un aller-retour mi-mars, avec un retour un samedi, c’est 26 euros par le Ouigo lent contre 98 euros minimum en Eurostar et 19 euros avec un Flixbus (pour plus de quatre heures de trajet, moins confortable et plus polluant). De quoi permettre à la SNCF d’espérer remplir son cahier des charges. «L’objectif que nous nous sommes fixé avec ces Ouigo Train Classique, c’est d’aller chercher des personnes qui sont sur l’autoroute, en voiture particulière, en covoiturage ou dans des cars, en leur proposant une alternative ferroviaire, sans émission de carbone.» «C’est logique que le train l’emporte sur le car, au vu des aléas de la circulation routière ou du confort», complète François Delétraz.

«Equilibre économique difficile à trouver»

Ce retour à des trains plus lents et à des tarifs raisonnables n’a en revanche pas eu que des succès. La ligne Ouigo Train Classique Paris-Lyon, qui existait depuis avril 2022, a été supprimée en décembre 2024. Mais la concurrence est rude sur cet axe : les TGV Inoui côtoient des Frecciarossa de Trenitalia à 35 euros, des Ouigo à 16 euros et même des TER (paradoxalement plus cher). «Le problème du Ouigo Train Classique Paris-Lyon, c’est qu’il y avait énormément de travaux sur cette ligne et l’offre est déjà très importante»,confirme Alain Krakovitch.

Si la Fnaut ne trouve rien à redire aux prix bas pratiqués par la SNCF sur les Ouigo Train Classique, elle fustige en revanche les conditions de l’offre low-cost : conditions d’échange et de remboursement drastiques, pas de correspondances comprises dans le prix avec d’autres gares proches de Paris ou de Bruxelles, pas de première classe. «La SNCF isole ces lignes dans un concept marketing qui ne nous plaît pas et nous plaidons pour qu’elles soient intégrées dans la sphère SNCF globale»,lance François Delétraz. La SNCF affirme de son côté qu’en faire des Intercités n’aurait pas été possible car l’entreprise voulait sortir de «la logique,[qui prévalait] pendant des années, où le train classique n’était que du train conventionné, et donc financé par les collectivités et l’Etat»,dit Alain Krakovitch. Une nouvelle marque ? Trop onéreuse à financer et donc incompatible avec une offre à prix très réduits. «Cela nous a semblé naturel de nous rapprocher de la marque low-cost de la SNCF qui est Ouigo,considère Alain Krakovitch. C’est juste une extension de cette marque, qui n’était jusqu’à présent que de la grande vitesse.» Et sur les conditions inférieures ? «Les produits plus premium ne sont pas compatibles avec un ultra low-cost comme l’est Ouigo Train Classique, dans laquelle on sert tous les coûts, dit Alain Krakovitch. Nous avons un équilibre économique difficile à trouver, avec des prix aller de 10 à 49 euros et en moyenne en deçà de 20 euros.»

Nouvelles destinations

Plus largement, le succès des lignes Ouigo lentes s’inscrit dans celui, plus global, de la marque low-cost – ce qui n’a pas empêché l’ONG T & E de la brocarder dans son classement des opérateurs ferroviaires européens. SNCF Voyageurs annonce un taux de remplissage moyen sur toute son offre de plus de 90 % en 2024. De quoi permettre à Ouigo de rêver encore plus loin. L’an dernier, elle a annoncé à partir de 2026 vouloir augmenter de 30 % ses rames, ses destinations et ses parts de marché, et proposer d’ici 2027 8 millions de places en plus par an. «C’est une vraie révolution pour nous, analyse Alain Krakovitch. Nous constatons l’envie de trains des Français, et nous avons une réponse à donner en particulier à ceux qui ont des moyens plus limités avec Ouigo.»

Parmi les nouvelles destinations : Paris-Hendaye, Paris-Lille, et même des lignes transversales, sans pouvoir en dire plus pour l’instant. Sur Ouigo Train Classique, l’entreprise se donne encore un peu de temps pour faire grossir son offre, le problème principal venant du manque de matériel pour. «Mais on ne s’interdit pas d’aller ailleurs en France et à l’étranger avec cette offre»,précise Alain Krakovitch.

Preuve que le prix n’est pas la seule variable du retour en grâce du train, le succès du retour de la ligne Paris-Berlin, en décembre également , montre que les usages sont en train de changer. Si l’entreprise reste pour l’instant discrète sur les chiffres de fréquentation, elle la qualifie de «grand succès commercial» et affirme que 78 % des voyageurs vont de Paris ou de Strasbourg jusqu’à Berlin, et en grande majorité entre les deux capitales, alors que la grosse partie du trajet (six heures) est en Allemagne. La SNCF s’attendait pourtant à ce que plus de personnes voyagent entre deux arrêts de la ligne, sur une plus courte distance, et seulement 15 % entre Paris et Berlin. Des succès en pagaille qui permettent à la SNCF de voir les choses en grand : alors que 126 millions de personnes ont voyagé en TGV en France l’an dernier (+4 % par rapport à 2023 +14 % depuis 2019), l’entreprise vise 200 millions de clients en 2030 et 240 millions en 2034.

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Grâce au chemin de fer de village Annemasse se transforme en bourg bénéficiant en suivant du tram reliant Genève et du CEN pour rejoindre la vallée du Giffre. Le long des voies une zone industrielle accueille une grande usine de charpente parqueterie chalets (150 ouvriers) et le dépôt de réparation des locomotives du PLM (une centaine de personnes).

En décembre 1860, un décret de Napoléon III déclare d’utilité publique la construction du chemin de fer Bellegarde/Annemasse/Thonon. En juin 1863, une loi la prescrit pour ouvrir en 1871. La guerre la repousse au 30 août 1880. Dès 1862 la municipalité examine plan de gare et tracé. Le 11 novembre 1865 le conseil d’Annemasse salue la délibération du conseil général de la Haute-Savoie qui donne « priorité au chemin de fer Collonges/Annemasse/Thonon ». Le 14 mai 1867, Marc Courriard va à Paris remercier l’Empereur. La décision suscite l’enthousiasme des élus d’Annemasse.

Jean-François Perréard analyse l’avenir « grâce au rail et à la gare à proximité de la frontière quand la gare sera établie à Annemasse la population prendra un accroissement énorme ». Ce n’est pas l’avis genevois. L’historien genevois J.-F. Rouiller écrit : « Cette décision va faire d’Annemasse le centre ferroviaire des contrées orientées économiquement vers Genève qui perd espoir de jouer le rôle de centre ferroviaire de la Haute-Savoie et devra vouer ses efforts pour ne pas demeurer à l’écart à obtenir un embranchement vers le futur réseau ».

Le dépôt SNCF d’Annemasse

Annemasse s’est développée et vit au rythme du chemin de fer avec le dépôt, une grande entreprise. Entendue loin alentour aux heures de prise et de fin de service sa sirène résonne. Le 1er janvier 1938 la compagnie privée des chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée (PLM) nationalisée devient SNCF (société nationale de chemins de fer français). Le dépôt d’Annemasse avec rotonde, réservoir d’eau pompée dans l’Arve à Étrembières pour la vapeur, bâtiments annexes assurant l’approvisionnement des locomotives, en charbon et marchandises, accueille alors plus de 100 locomotives.

Roulants et cheminots se souviennent que, disposant d’un important matériel spécifique, s’y activent alors plusieurs professions aux côtés des roulants, outilleurs, fraiseurs, soudeurs, robinetiers, chaudronniers, forgerons… Il y a encore 86 locos à vapeur début 1953, 30 machines en 1962. En septembre 72 c’est la fin de la vapeur. « Diesel et électrification entraînent la diminution progressive de l’activité ».

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Une croisière de six jours et cinq nuits, au départ de Paris, qui fera escale dans plusieurs hauts lieux de notre beau pays. « Le Grand Tour », la future attraction touristique du parc du Puy du Fou, se fera à bord d’un train-hôtel de luxe conçu par les Ateliers de Fabrication Ferroviaire (AFF) somainois. Un coup de projecteur extraordinaire pour cette PME à taille humaine basée près de la gare de triage.

Reportage

Arnaud Déthée

Rédaction de Douai

Alignées au cordeau dans la pénombre d’un vaste entrepôt, elles attendent la lumière des projecteurs qui leur est promise. Elles, ce sont les douze voitures du train du Grand Tour, la future croisière ferroviaire haut de gamme que proposera bientôt Le Puy du Fou à ses clients.

Comme annoncé en 2021, le parc d’attractions vendéen a imaginé un itinéraire touristique de 4 000 kilomètres, en train-hôtel de luxe, qui sillonnera la France à la rencontre de quelques-uns de ses trésors (Hospices de Beaune, Palais des papes, château de Chenonceaux…) tandis que chaque escale sera agrémentée d’animations pour les 40 privilégiés qui monteront chaque semaine à bord. Les billets pourraient être vendus autour de 5 000 €.

Pour l’heure, les wagons sont à quai, rue Denimal à Somain, où les équipes d’AFF travaillent d’arrache-pied à leur conception, inspirée du légendaire Orient-Express. « Le train date des années 1960. Nous le rénovons du sol au plafond, confirme Vincent Pobelle, PDG des Ateliers de Fabrication Ferroviaire. C’est un projet industriel qui confine à l’artisanat. C’est passionnant et complexe techniquement ».

Si la peinture extérieure des voitures prédit le style Belle Époque du futur écrin, l’atmosphère feutrée des cabines, où des câbles pendouillent pour le moment, se devine à travers le choix des matériaux (bois vernissé, marbre…) et des étoffes en cours d’installation. Suffisant pour entrevoir le chic des suites, du bar, ou de la voiture-restaurant, et surtout, indispensable pour réaliser des tests « grandeur nature ».

« On est soumis aux mêmes exigences que pour un TGV. Ce projet atypique nous oblige à répondre à un tas de normes, qui sont parfois à inventer, en matière de production d’électricité, de matériaux coupe-feu, de confinement du bruit… Installer des plaques de cuisson ou des salles d’eau dans un train, ça n’existe pas. C’est un OVNI – ou plutôt un OR(oulant)NI – qu’on fabrique ici. »

En cours d’homologation

L’ingéniosité dont font preuve les équipes d’AFF implique une étroite collaboration avec l’établissement public de sécurité ferroviaire, en charge de l’homologation du joujou. « La validation de nos essais se fait étape par étape. Ça prend du temps », confirme Antoine Rouze, chef de projet. « On est à une période charnière, le processus d’homologation est lancé », ajoute Vincent Pobelle, qui rappelle que l’ouverture à la concurrence a conduit le parc vendéen à créer sa propre compagnie ferroviaire pour amener son train-hôtel à pouvoir bientôt utiliser les lignes régulières, à 130 km/h de moyenne.

AFF, qui a essuyé les plâtres avec ferveur, entrevoit désormais le bout du tunnel, persuadé d’accrocher le bon wagon. « On vise une mise en circulation cette année. On espère que la réussite du projet fera parler de nous et de notre savoir-faire. »

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Walking to the station

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